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Les bâtiments existants ont été implantés dès le XVIIIe siècle à proximité de l’ancienne route desservant l’Abbatiale de Berteaucourt-les-Dames. Agrandie et modifiée au cours des deux siècles écoulés, la fermette picarde en torchis sur ses quatre faces s’inscrit sur un terrain en L qui donne sur deux voies perpendiculaires à faible circulation.

La parcelle, de 900m² actuellement, a été amputée par des successions et des ventes. Elle se présente en bande étroite sur deux niveaux. Un accès de " service ", à l’extrémité opposée à l’entrée, a été nécessaire pour faciliter l’aménagement et l’entretien.

L'ancien jardin - potager et verger - resté à l'abandon près d'une décennie n'offrait plus de végétaux cultivés hormis quelques hortensias roses, des jonquilles, du muguet, une touffe d'hémérocalle botanique et deux poiriers atteints de chancre. La flore spontanée herbacée et arbustive avait tout envahi. Défrichage, désherbage et restructuration étaient indispensables, mais aucun engin ne pouvait manoeuvrer sur cette surface étroite. Tout a été effectué "à la main" !

Cinq années furent nécessaires pour mener à bien le nettoyage complet et de nombreuses autres le seront avant l'aboutissement du projet : création d'un jardin d'eau hors-sol dans un ensemble de récipients anciens en zinc ou galvanisés, réalisation du jardin de devant lorsque les bâtiments seront restaurés, agencement du fond de jardin avec grand-porte couverte et murets de grès de chaque côté du passage. Assurer la maintenance des parties conçues et poursuivre progressivement les projets occupent, en effet, tout le temps libre d'une personne passionnée.

Plusieurs études sur papier furent menées en tenant compte des objectifs suivants :

= tricher d'un point de vue optique pour faire oublier l'aspect "couloir" du terrain étroit,

= répartir les plantes dans une organisation à dominante chromatique par zone : nuances "pastel" dans le jardin inférieur, couleurs plus toniques dans l'espace supérieur,

= abriter dans les massifs des collections de végétaux en y mêlant :

          - arbustes d'ornement

          - rosiers anciens et anglais

          - vivaces variées, botaniques ou horticoles, basées sur les plantes endémiques de Picardie et les

             espèces collectionnées,

          - bulbes de saison, en donnant la priorité à certains genres particulièrement appréciés.

L'idée initiale d'un jardin orthogonal avec des chambres végétales est restée à l'idée de plan. La version plus souple d'un jardin "promenade-découverte", dévoilant progressivement son contenu ainsi à portée de regard, fut privilégiée. Le tracé général, figé sur le papier, a donc pris place au fur et à mesure des défrichages annuels, tronçon par tronçon.

Les végétaux demandant quelques années avant d'offrir un effet structurant, les plantations ont été prioritaires au détriment des aménagements pratiques ou décoratifs qui se sont réalisés progressivement en fonction de la disponibilité réduite laissée par la maintenance. Depuis 2010, les aménagements offrent plusieurs coins repos, une rose des vents en mosaïque minérale au sol pour repérer l'orientation des espaces plantés, des pergolas et structures ornementales en bois, la préfiguration d'un jardin d'eau hors-sol.